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Quand je love l'Homme

J'avais si envie de retenir l'Homme, quasi tous les matins de la semaine. Je voulais derechef le choper sous la douche et lui faire passer l'envie d'aller sauver sa boîte contre son gré. Mais pour qu'il reste, hormis son pacifique consentement, il aurait fallu que je l'assomme, et je ne veux pas être réduite à ce genre d'extrémités pour rien....

Parce que l'Homme, parfois, ses comportements, ses réactions, des fois tout en lui me paraît démentiellement risqué pour l'avenir, même si je ne connais et n'ai connu aucune situation idéale, les gens ne montrant que ce qu'ils veulent, mais lorsque la tergiversation et le non-assumage prennent le dessus, bien noyés dans un abreuvoir de tristesse, théoriser en boucle ne fait avancer que le cours de la salive et encore, seule il n'est nul besoin d'user ses cordes vocales.

Le stress de la bourderie/badnew-du-jour se fait remplacer par l'angoisse qui abandonne le terrain à la panique, le temps d'aller fumer un clope, me laissant alors dans un état de tension extrême.

Tout se met alors en alerte jusqu'à parfois m'inciter à quérir un appartement pour les petits et moi, "passe-temps" qui m'empêche de bosser sur le quotidien, le NOW-OR-NEVER, puis la journée se gère et se finit, parfois dans le calme retrouvé d'avoir éventualisé le pire, parfois dans le besoin pressant de déverser à l'Homme les terribles dilemmes auto-imposés dans la journée alors que ce dernier ne pense parfois que Ouaramère et décadents sont dans un bateau, goules d'attaque et manger-dormir... et plus éventuellement si mutuelle réciprocité, mais parler-ah-ça-non.

Je dis bien parfois, car il est des fois où, tenace, la Femme qui ne s'appelle pas Maurice ne se laisse pas décourager d'une simple urgence de finaliser une liste promise 3 mois auparavant.

Puis vient le moment où le cerveau parvient, dans les limbes des contradictions, à glisser de se souvenir pourquoi je l'ai choisi lui, l'Homme dont j'espère être la seule, sa Sienne, déjà que je le partage avec un Univers, défi de taille, vous en conviendrez, même si j'apprends, petit à petit, à rentrer dans son jeu.

Et là tout s'enchaîne, je sais tout ce qu'il m'apporte, l'écoute (quand il est dispo et qu'il ne coince pas quand même un oeil sur le livre en cours), la douceur et l'attention, la compréhension et la complicité.... et j'en passe et des meilleures. C'est pas l'Homme parfait, nul besoin d'essayer de m'le piquer, hein ? C'est juste celui qui me plaît et qu'il me faut, pour l'instant et depuis 10 ans.  

Sauf que parfois, parfois quand même, son sens de l'organisation m'atterre et c'est là que la Femme elle se sent utile. Parce que ranger les outils généraux, ampoules de rechange, rallonges, prises et accessoires de déco dans de grandes caisses à roulettes sous celle contenant des milliards de figurines, entre deux étagères et à mi-cagibi tandis que le sol est blindé dès ouverture de la porte et à hauteur d'un mètre ALORS QU'ON AVAIT DIT un meuble à 3 tiroirs tout con et aussi tout près de l'entrée, ça, ça me fout les boules !

Parce que s'il faut choisir entre racheter ce qu'il manque au bazar-d'en-bas et vider la moitié des merdouilles dans l'appart puis extraire les caisses en se contorsionnant juste pour pouvoir se servir dans le stock, la deuxième option risque de me voir faire chauffer la CB afin d'être contentée dans le seul but de nous rendre le quotidien plus pratique et me démener pour donner à ce lieu une utilité plus que nécessaire, ce qui serait mal pris parce que tous les trucs de l'Homme sont classés dans un ordre qui dépasse ma pensée.

Et puis le fait de pas savoir où sont les parures de draps / produits ménagers / sacs poubelle alors qu'on est dans la place depuis 3 ans... ça veut dire qu'il n'a pas réellement l'initiative de faire des trucs dans la maison, il connaît pas, ça l'émeut pas. L'Homme, s'il n'est pas supplié, dédaigné ou contraint, il fait pas.

A l'heure où l'on se doit d'éduquer nos enfants pour qu'ils fassent "tous seuls" afin qu'ils ne squattent pas trop nos années de jamais-retraités-mais-quand-même-vannés, ça me fait doucement rigoler !

Quand on creuse un peu ("tu auras besoin de plus de ta vie pour me comprendre", me disait-il en l'an 2000), on capte  que la Mère a beaucoup obligé, du coup on se la coule douce parce-que-ça-va-bien-maint'nant-j'fais-qu'est-ce-que-j'veux, ce que, à mon âge et malgré ma trèèèès grande souplesse, je ne peux tolérer sans argumenter.

Parce qu'au final, la sorcière, la chieuse qui demande à des tiers de faire des trucs parce qu'elle refuse ca-té-go-ri-que-ment de TOUT faire toute seule, déjà parce qu'à part certaines activités presque jouissives comme le lavage de vitres, la vaisselle écolo (après 3 ou 4 "mais non laisse, j'vais le faire"), la mise en machine et étendage ou le recousage des doudous ou le jardinage (mais non ça c'est pas du tout de la tâche ménagère, je le sais en plus, hein !?), ça ne lui convient gère, de base, et aussi parce qu'elle craint de donner de plein gré de très fâcheuses habitudes, c'est qui ? C'est La Femme !

Encore et toujours !

La Femme prend le relais de La Mère qui cassait déjà les couilles de l'Homme pour qu'il soit et fasse plus, encore, rapidement et mieux. 

Donc dès le début, la Femme, toute motivée qu'elle soit dans une relation de couple, part avec le handicap de la Mère qu'elle sera de toute manière, recréant ainsi des générations d'Homme à aimer Et à comprendre pour ne pas risquer de lui coller une beigne sur un malheureux quiproquo qui n'existerait pas si l'Homme consentait à s'exprimer de son propre chef. 

En même temps, la Femme se sentirait dépossédée de son mâle-de-base si ce dernier s'épanchait à chaque souci, peut-être que du coup il parlerait trop et en perdrait son côté mystérieux, ses regards profonds et sa puissance tranquille, et cette certitude admirable qu'il a de penser juste et sans se faire marcher sur la tronche, sans servir de prise de terre. A-t-il raison ou tort, on s'en fout, c'est quoi le modèle ?

Il y a des gens qui devraient m'inspirer respect, envie et regrets au détriment de moi-même et de ce que j'ai construit ? Des modèles, y'en a aucun qui m'inspire, autant se fabriquer le nôtre même s'il faut piétiner quelques idées reçues et surtout faire reculer l'épidémie culpabilisatrice, une des grandes victoires de l'Homme sur la Femme qui progresse tout en s'efforçant, parallèlement, de se synchroniser avec la Ouaramère-attitioude, ce qui, pour le coup, risque peut-être de prendre plus d'une vie... 

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