Tristesses

Note publiée puis dépubliée bicoze trash (donc mal assumée à l'époque) le 18 avril 2008. Pourtant les principaux désignés, qui ne s'abaisseront jamais à lire sur le web, ce repaire de chancres-adeptes-du-mdr/ptdr/lol-en-pagaille qui n'a "aucune chance commerciale de réussir dans ce monde" (tu l'as dit bouffi), ne l'ont jamais lue puisqu'eux non plus n'ont pas réussi à trouver mes blogs malgré tous mes multiples envois de liens sûrs / fiables / permanents.

 

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ELLE se tient devant son poste de travail, tremblante. Les 33-ans-l'âge-du-Christ, parfois ça donne des bonnes choses, parfois non. Tout dépend de quel côté on se place. 

ELLE a froid, elle a chaud (elle ne sent pas le chèvre chaud), elle voudrait revenir sur ses paroles mais c'est impossible, ce qui est révélé ne peut plus être nié, et ce qui n'est pas encore sorti dégueulera bien un jour.

Pourtant ce n'est pas du tout le moment. Mais peut-on réellement attendre encore, lorsqu'on est poussé à bout ? ELLE, égoïste, pense que non. Il n'y aura JAMAIS de BON moment pour ça.

 

Les événements se bousculent et s'entrechoquent, faisant fi de toute temporalité, de toute chronologie.

 

ELLE se revoit terrorisée, une tonne de noeuds dans le ventre, à la simple très très forte appréhension d'énumérer ses notes de la journée, de conter ou pas ses récrées, vu que ce n'est pas un sujet qui passionne ses géniteurs, bien au contraire, et les contrôles à venir.

 

ELLE revit son 1er avortement, mauvaise publicité contre les maris qui craignent, rappels d'horribles faits de couple. ELLE ressent de nouveau sa solitude lorsqu'ils sont partis en Allemagne, comprennant l'immense cassure qui s'était alors opérée, inéluctable avec ses parents, son frère, sa soeur.

Comme ELLE n'arrive pas à se torcher et à devenir alcoolique comme-tout-le-monde, ELLE se droguera pour au moins être "pote" avec ceux qui lui ont tant manquée, niveau complicité fraternelle, quand elle était seule ou en coloc' forcée, avec les zyvatoutarés qui se pointaient parfois le soir et menaçaient de briser la porte-vitrée de la terrasse fleurie si ELLE n'ouvrait pas plus civilement que ça la porte d'entrée, qu'ils lui parlent comme à une personne normale si ce n'était à une soeur, et non comme à une abrutie-de-geignarde-qu'à-cause-d'elle-on-rentre-d'Allemagne-où-on-s'éclatait-trop-d'la-balle-atomique !

C'est vrai qu'ELLE geint pas mal, sa famille entière est rentrée après 2 ans d'éclatade-totale parce "qu'ELLE se démerde comme une bite" (entendu en repas familial avec vraiment pas mal de monde) et tout ce qu'ELLE a à annoncer c'est quoi ?? Encore un ECHEC universitaire, à HURLER !! De rire ? vraiment ?

 

ELLE n'en peut plus de tout craindre pour ses parents, ça lui arrive depuis qu'un matin, elle s'est rendue compte qu'ils n'étaient pas des supers héros et que, comble d'incroyable, ils n'étaient pas immortels. Beaucoup plus tard, enfin, elle a capté qu'ils étaient faillibles et que, sur certains points, c'était même limite-limite....

ELLE craint pour ses deux parents alors qu'ils ont démontré, en matière de violence physique et psychologique, jusqu'à ce qu'ELLE se décide à quitter la thénardière, combien ils étaient très forts en conflit psychologique avancé....

"Les notes, les notes, les notes, les notes, allez ! Allez ! Allez ! Faut encore que je prépare les contrôles pour demain et le dîner, et y'en a pas un seul qui aide, allez ! allez ! allez ! Sors-moi tout ça ! Déjà, pas la peine de mentir je SAIS que tu as eu 4 en sciences physiques !!?? On y reviendra mais j'ai eu la honte, tu entends, connasse de merde, la HONTE dans la salle des profs !!!! Ta note est merdique, nulle ! T'es nuuuuuuuuuuulle ! Nullasse, va ! Bah, t'es trop nulle ! Ne parle pas à tes frère et soeur, tu vas les nullifier ! Va-t-en, tu m'insupportes ! Allez ! Allez ! Allez ! Va-t-en sinon je te claque ! Tiens déjà, mon pied dans ta gueule pendant que j'arrache tes posters et au passage je t'emporte quelques poignées de cheveux en te shootant dans l'estomac. QUOI ? T'as mal ??! Va-t-en, je te dis, t'es trop bête, mais bêêêête ! Tu finiras sur le trottoir, FUTURE CAISSIERE, ha ! ha ! Ou PUTE bienheureuse qui ne se passionne pas pour le latin ! Les amis ? ça ne sert à RIEN, l'important c'est de faire sciences po ou HEC minimum, de très bien gagner sa vie, de pas la ramener et de fermer sa gueule ! Allez ! Allez ! Allez ! Pas la peine de CHIALER, tes copains-copines et tes cousins-cousines, malgré leurs grands airs, sont logés à la même enseigne, figure-toi, à moins que leurs parents ne soient de gros BLAIREAUX qui ne lisent que les Pages Jaunes, hihi, haha, hoho !".

 

ELLE n'en peut plus de devoir donner son avis, ses réserves, son apaisement sur la vie de couple de ses parents. Ce n'est ni son job ni son problème. Et que sa mère se victimise depuis toutes ces années sans rien assumer ni rien décider, en apparence, alors qu'elle-même a exercé ce "subtil" rôle de tortureuse physique et psychologique à l'égard de son aînée met cette dernière en rage.

 

D'essayer de lui faire entrevoir quelques parcelles de vérités, ELLE craint de perdre sa maman qui fait le vide dans le peu qui lui reste d'ami(e)s, refuse tout ce qui n'est plus complaisant et s'isole de plus en plus, attendant de son époux des mots qu'elle n'aura pas de cette manière, le critiquant sans arrêt, lui reprochant ses mots, ses actes, ses démonstrations passées, présentes et à venir et, avec raison, ses innombrables CRISES de pseudo intello  prof taré alcoolisé et armé.

 

Mais vu la situation, ELLE a peur, aussi, de perdre son papa qui, réfugié dans ses propres addictions et fragilisé par la santé qui s'échappe, pourrait bien s'éteindre comme ça d'un coup, sans que personne ne s'en aperçoive, puisqu'il est puni-cagibi et ne mérite pas, vraisemblablement, que l'on fête, en grandes pompes (ou même en petites), ses 60 ans.

 

Mais si ELLE coupe les ponts parce qu'elle n'arrive plus à empathiser ni caresser dans le sens du poil sans penser à ce qu'elle a vécu auparavant, elle ne pourra plus revenir en arrière, pense-t-ELLE, sinon ce serait donner le bâton pour se faire dégommer la gueule et faire fi de sa propre personnalité et de ses décisions.

 

ELLE aimerait une thérapie familiale avant que tout n'éclate, mais à part sa soeur, et encore, personne ne voudra et sa mère ne sera d'accord que si son époux s'y colle aussi et qu'il en crève.

ELLE voudrait dire à ses parents qu'elle les aime et qu'elle les soutient tous les deux mais elle n'y arrive plus. Elle admire ses parents et ils le lui rendent bien, maintenant qu'elle est partie.

Mais c'est le AVANT qui coince. Comment exprimer et manifester son affection lorsque ses parents ne s'y sont pas habitués, en tout cas avec ELLE (d'ailleurs n'ayez jamais de 1er enfant, c'est tellement compliqué ! ...).

 

D'abord parce que eux le lui ont dit trop si tard, ensuite parce qu'elle ne supporterait pas le mépris, au cas où, en retour.

Cela lui rappelerait trop les innombrables lettres délavées par les larmes et glissées en tremblant sous la porte de la chambre parentale, dans lesquelles elle leur suppliait d'être avant tout des PARENTS et non des profs matons bourreaux avec elle, moins méprisants, moins violents, plus gentils, plus compréhensifs, qu'ils s'intéressent à sa vie extra-scolaire ou qu'ils la lâchent car sinon elle partirait, qu'ils l'aiment comme leur enfant et non comme une cancre-indécrottablement-débilos-qui-ne-fera-pas-sciences-po.

Les lendemains-de-lettres ne changeaient pas des autres matins et ne promettaient aucune amélioration, ils n'en parlaient jamais, ELLE non plus, se contentant juste de se tenir encore plus à carreau en cours et de PRIER pour se faire écraser par un camion, mais sans mourir, ne basculons pas non plus dans le mélo-qui-tache, avant le prochain contrôle de maths-physiques-sciences nat-français. Beaucoup plus tard, dans sa vie d'adulte, sans en avoir l'air, ELLE les a entendu en parler et en rire. V'la l'effet.... 

 

Sans avoir tout à fait réussi à déterminer la date fatidique, ELLE sait que cette semaine est très très dure pour ses parents. ELLE ignore totalement que 3 ans plus tard elle pourra ajouter cette même date, de la fucking Saint-Parfait, à sa liste d'événements-vraiment-pourris-qui-feront-TOUJOURS-pleurer.

 

En effet, pour ceux qui s'en souviennent, ils "célèbrent" sans le faire, tous chacun dans leur coin parce qu'il est INTERDIT d'en parler, les 31 ans de décès de Benjamin, le baby n°2 de la famille, resté 8 mois sur Terre puis croupissant dessous depuis, bien inscouciant de tous les drames qui ont pu en découler.

 

Mercredi 6 février 2013, 00h10

Ouais, je l'ai écrit, qui viendra me faire la leçon, d'avoir écrit son prénom ? J'vais être foudroyée ? Des promesses, des promesses, j'aimerais bien voir ça !!! Jusqu'à l'année dernière où mon père m'a gracieusement offert une photo de LUI, mon petit frère, parce qu'il l'avait en double, j'ai de très nombreuses fois volé le même cliché rien que pour en avoir UN, pour m'aider à me SOUVENIR, seule dans ma détresse, de Benjamin. Très sincèrement, pourrir la soeur aînée qui reste et ceux qui suivent, cela n'était et n'est vraiment pas malin.

Très récemment et à mon très grand désarroi mais je l'avais bien cherché et pour la première fois de ma life, j'ai enfin eu des réponses claires, j'ai appris que ma mère n'en avait pas parlé, ni avec moi ni avec personne ou presque,  pendant toutes ces années par propre lâcheté et insurmontable douleur (ah quand même, ENFIN ! Il me les FALLAIT, ces mots ! Je devais les entendre !), mais aussi parce qu'il n'était pas de bon ton d'étaler sa vraie douleur au sein de sa belle-famille (qui, elle, la trouve froide, tiens, tiens...) et que mon père la rabaissait sans cesse (ah bon ?! Bah oui !) et qu'il a toujours privilégié l'intellectuel à l'humain, ça c'est un fait, du genre à, FINALEMENT, pour le plaisir de faire sa petite crise et de faire flipper sa Tremblante-et-Misérable-Cour, décider pour deux de mettre les fleurs de Benjamin sur la tombe de Courteline plutôt que celle de notre fils parce COURTELINE, bordel, enfin ! ... 

Tu lis que Pouffe magazine et Picsou, ou quoi ? Tu ne risques pas faire le poids à côtés des TUEURS que tu vas croiser après le bac, enfin SI ET SEULEMENT SI  tu l'as mais faudrait croire aux MIRACLES, moi je te le dis ! alors va réviser ou Va Mourir ! Et RABELAIS !? T'as fait la fiche, comme j't'ai dit ? Quoi hein ? QUOI ? QUOI ? HEIN ???? C'est... ? C'est PAS le sujet de ta dissert' ? ... Mais, mais... Mais est-ce que C'est TOI, petite bouse déséquilibrée d'ignorante, qui décide du programme ? Quand même, Rabelais, meeeerde...bla... blaa....blaaa... réf, éd. fiche lect. analyse, etc... 

Elle me tient à coeur cette "petite" mise au point car en la relisant, je me rends compte que j'étais trèèèèès loin d'être au bout de mes peines et de mes emmerdes mais que, tout d'même, quand on voit d'où j'viens (oui, CERTES ! Je n'ai pas connu la guerre et je n'ai pas vécu à 7 dans un studio...), à y bien regarder, je ne m'en sors pas trop mal même si, comme disait souvent à mon sujet (et pas que moi, hein !?) mon adorable prof de CM2 à Agadir, "elle comprend vite mais faut lui expliquer longtemps !", et j'ai aussi eu, depuis, heureusement beaucoup de joies, de bonheurs et autres trucs à mettre à jour, par grand besoin de sincérité, d'honnêteté et d'implacabilité. 

On est bien d'accord, c'est TOUT ça qui fait tenir et écrire, coucher sur le web ou le papier, on s'en fout du canal ! Surtout quand on ne dispose guère du luxe, pour passer à autre chose de plus constructif-positif, comme disait le-psy-de-2011 à l'Homme et moi, douloureux et meurtris, à la longue, de la reconnaissance des faits en TOUTE conscience, de la demande de pardon et de la réparation symbolique.