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  • Dialogue de sourds

    Quand je suis allée chez ce spécialiste tout près de chez moi, j'étais nerveuse et presque méfiante car en n'appelant que 3 jours avant, il y avait au moins 4 possibilités d'horaire, alors que les autres contactés n'étaient pas libres avant janvier minimum. En même temps je pouvais comprendre que les gens n'aient pas très envie de flinguer leur samedi à Ça.

    Je sonne une fois. Une deuxième fois, pas de réponse. Alors j'entre, manquant percuter l'assistante qui proteste "eh, mais, on ne rentre pas comme ça !". Ben si, abrutie, si personne ne vient ouvrir, il faut soit tenter sa chance, soit rentrer chez soi, et là c'est vous qui me devrez la séance, aurais-je pu rétorquer, si je n'étais pas aussi angoissée, le demi-truc pris 1h avant faisant autant d'effet qu'une seule aspirine un lendemain de soirée très arrosée.

    Après s'être enquise de mon identité et fait remarqué que j'étais en retard, le temps d'un couloir sombre, elle me conduit dans une salle d'attente quelconque à dominante beige foncé moche et me demande ma carte vitale, me regarde longtemps m'exciter avec ce putain de sac où on pourrait fourrer le contenu de mon frigo puis s'en retourne vaquer. J'entends le médecin qui parle, au téléphone ou en live mais il tchatche, impérieux et sûr de son sujet. La tension monte un peu.

    20 minutes plus tard il vient me chercher. C'est David H de K2000 en gonflé, bouffi (alcoolique ?), buriné, qui en a vu des vertes et des pas mûres !! Je lui sers la main fermement (je m'étais bien essuyé la moiture sur ses sièges moches avant) et nous rentrons derechef dans son lieu de travail où il me demande de m'asseoir au bureau. Il chope une fiche, l'assistante se cale au mur moquetté marron, près d'un miroir, je pose la carte vitale et il me demande ce qui m'amène chez lui.

    Euh, z'auriez une bonne baguette bien cuite ? Mais non, je lui dit tout de mon souci immédiat, gérable, mais il ne faudrait point que cela dure trop longtemps et du SOUCI en général, qui lui est devenu totalement insupportable. Au 1er, "donc, il faut les.. ? il faut les... ? Ben il faut les quoi ? ...... Ben c'est des provisoires, alors qu'est-ce qu'il faut faire ? Allons ! IL FAUT LES REM-PLA-CEEEEEER !", éructe-t-il théâtralement. Je le fixe. L'assistante est morte de rire. "Justement, c'est pour Ça que je suis là, je me rends, faites tout sauter". Puis il passe aux maladies rares, honteuses et chroniques. A part la bronchite et une cicatrisation défaillante, je vois pas. Timidement j'évoque les contacts désagréables à Inezgane, quand j'avais 8 ans, c'est pas contre là-bas mais soit je suis vraiment tombée sur des branques, soit je suis poudrée et là, ok, je ne lutte plus. Après 15 ans de chantier, on ne compte plus et on pense à baisser les bras, 25 ans après on commence à déprimer sec. Prise de notes frénétique là où il peut, à ce ryhtme y'aura plus de place et avant même d'avoir commencé j'aurais déjà 2 fiches, la classe, madâââme ! 

    "Comment ? Comment ? COMMMMMEEEENNNNTTTT ????", rugit-il, "On se parle depuis tout à l'heure, c'est pour ça que je vous interroge, il faut bien que je le fasse, pour vous aider. Je SAIS ce que vous avez. Vous avez une grande souffrance qui ne se tarira que lorsque vous partirez, de la France Métropolitaine, parce qu'en fait, vous l'aimez pas, la France Métropolitaine, hein ? Elle vous fait gerber ? Non mais vous pouvez me le dire, à moi que vous pouvez pas la blairer, hein, entre nous, je peux le comprendre. Car tout est lié !!! Il suffira que vous partiez d'ici et la bronchite, ainsi que tous les à-côtés désagréables que vous subissez partiront, parce que tout découle de Ça. Pourquoi le Maroc ? Le Congo aussi ? T'es de Pointe-Noire, hein ?", j'entends pas le prénom, elle bredouille "oui, de Kinshasa Brazzaville", "alors voyez, elle est de Pointe-Noire, elle aussi ! Allez, montrez-moi", enthousiaste et presque guilleret.

    Je m'installe pendant qu'il se lave les mains au savon sans rincage et il détaille très vite, le doigt pointé vers mon nez pour retenir mon attention ce qu'il propose. Il peut TOUT faire, il a "les diplômes pour ça", voilà que je suis tout de suite très rassurée, m'interroge sur certaines techniques comme si j'étais moi-même abonnée leurs publications de psychopathes, critique en jacassant les réparations antérieures et, se tournant, me montre ses fesses poilues découvertes de moitié qu'il gratte nonchalemment, qui me distrait quelque peu du savant énoncé et m'horripile encore plus que la consult' psy en prime.

    Puis il retourne à son bureau et marmonne très certainement à la jeune femme de me fixer un autre rendez-vous car celle-ci abandonne à regret son observation concentrée, fort complaisante et pleine de joie de ses sourcils devant le miroir et me colle sans un sourire un post-it de réclame avec date heure n° dans la main. Je fais un chèque de 21 € et m'empresse de partir, nullement accompagnée par l'assistante, comme quoi on en sort quand même comme ça, tout seul, en me demandant pourquoi j'ai payé 21 € pour aucun soin, alors qu'avant j'en payais 4 fois moins pour pas mal de boulot, et pourquoi je n'avais même pas pensé à lui rappeler l'objet de mon rendez-vous de ce jour-là. 

    Je crois que je l'aurais même trouvé plus efficace s'il avait eu le masque à gaz spécial et la tchatche d'Orin Scrivell malgré les travers sadiques qu'on lui connaît... Parce que, dans l'histoire, qui continue de re-coller 5 fois par jour lesdites fautives, qui en plus s'auto-désintègrent, à la colle à dentier ?

  • Honte aux rafles d'enfants dans les écoles !!!!!!!

    Alerte reçue ce matin par mail, m'étonnerait fort que ce soit un hoax, tellement le fait est dangereusement répétitif

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    Hier s'est produit un fait très grave à l'école du Jardin de Ville, à Grenoble.

    A 15h45, un père de quatre enfants (un moins de trois ans, deux scolarisés en maternelle et un en CE1 à l'école du Jardin de Ville) est venu, accompagné de deux policiers en civil, chercher ses enfants, pour "un rendez-vous en préfecture", ont compris les enseignants.

    A 19h, on apprenait que la famille au complet était au centre de rétention de Lyon. Ils y ont dormi. Ils étaient injoignables hier soir.

    On a réussi à les joindre tôt ce matin aux cabines téléphoniques du centre de rétention (qui, rappelons-le, est une prison). Ils étaient paniqués. On a prévenu le centre que la CIMADE, seule association ayant le droit d'entrer dans les centres de rétention, irait voir la famille ce matin. Arrivés au centre, les militants de la CIMADE les ont cherchés, sans succès : la famille était en route pour l'aéroport, leur avion décollant une demi-heure plus tard.

    Nous n'avons rien pu faire, nous attendions que les militants de la Cimade comprennent la situation de la famille, afin de pouvoir les aider en connaissance de cause. Ils ont été expulsés ce matin. Leurs chaises d'école resteront vides.

    C'est une première en Isère : la traque des étranger-e-s pénètre dans les écoles.

    Les seuls enfants en situation irrégulière sont ceux qui ne sont pas à l'école.

    Nous vous demandons de bien vouloir faire circuler cette information le plus largement possible.

    Personne ne doit pouvoir dire "on ne savait pas".

    Merci,


    Emmanuelle, pour le Réseau Education Sans Frontières 38.

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    Quand je pense que, ma famille et moi avons été toujours très chaleureusement accueillis et acceptés au Maroc ou au Congo, lorsque mes parents y travaillaient notamment (et se tapaient plutôt un bon salaire, soyons honnête) et qu'en rentrant dans mon pays de naissance je découvre qu'il se dépare de de plus en plus de ces qualités, ça me fout la gerbe. Nous endormant sur nos maigres privilèges, on se gèle.

    Quel est ce pays qui tricote du parachute pour des patrons virés parce qu'ils n'ont pas assuré, des gouvernements pipolesques, les tarés et pédophiles ou des banquiers acrobates ?

    On va où, là ?

     

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