Hier soir, alors que je revenais de ma petite escapade chez l'épicier (à qui j'ai consciencieusement donné le compte juste de 90 cents en pièces de cuivre pour 1 L de lait, pour ça, ça lui fait encore plus de maille et ça me décharge), j'ai été sifflée par 2 jeunes gens dans ma rue, sous mes fenêtres, enfin à leur place habituelle.
Au début je pensais même pas relever et puis, mûe d'une certaine impatience liée à un agacement sans limite pour leur pratiques zyvatesques que je réprouve, je suis allée vers eux.
Moi : "Bonsoir, c'est pour un renseignement. J'aurais aimé savoir jusqu'à quand, en termes d'années, comptiez-vous faire du bruit, ainsi, le soir, tard, parce que même avec les double-vitrages, comprenez, c'est un peu lourd. Quand même, vous n'êtes pas trop fatigués, le matin, quand vous vous levez pour aller bosser ?" (elle est candide, elle est mignonne !)
Les 2 : "Bosser le matin ? T'es ouf ???? Pour quoi faire ? Nous on veut pas bosser pour 1200 euros net par mois, y'a moyen de se faire plus d'argent en se fatiguant moins. Ici c'est chez nous. Nos parents habitent dans le coin et nous on est là depuis 13 ans, madame, j't'ai jamais vue ici, moi, j'étais là avant".
Moi : "J'ai l'art de me rendre invisible. Par contre vous, et d'autres, hein, je ne vous accuse pas, je vous vois souvent en bas de mes fenêtres et, je ne sais pas, moi, des fois j'ai l'impression que cette rue c'est comme chez Mickey, et...."
L'1 des 2 : "Vas-y, traite-moi pas d'Mickey, attention ! C'est grave, ça, oh !!! Tu vas voir de quoi chui capable !"
Moi : "Alors déjà, je ne vous ai pas traités de Mickey, sinon j'aurais dit Espèce de Mickey, ce qui n'est pas le cas, n'est-ce pas ?"
Reconnaissance en hochage de tête acquiescant de mes deux interlocuteurs, calmés par ma rhétorique (et mon inconscience ?).
Moi - "Donc je disais, des fois, vu que la rue est toute petite et mignonne, on pourrait croire qu'on est à Disney Village et que personne n'y habite. Or c'est tout le contraire, et honnêtement, moi ça me fatigue de vous entendre communiquer comme si on était à la Bourse de Paris alors que ce n'est pas le cas, et ce jusqu'à minuit passé".
L'1 d'eux - "Ouais ben à minuit y'a plus de bruit, tout le monde est déjà parti (ricanements complices, roulage de joint en un temps record). Ici c'est chez nous, c'est à toi de partir si t'es pas contente. Nous on est bien, là. Et on préfère kiffer notre vie de jeunes et galérer notre vie de vieux que l'inverse".
Moi - "Certes mais dans quel état ! En tout cas je voulais prendre le contact avec vous. Si vous ne voulez rien entendre, c'est votre droit. Comprenez aussi qu'on puisse être gênés et que si vous voulez du respect, il va un peu falloir nous en témoigner aussi. je trouve ça un peu dommage de passer sa journée et sa soirée à pas branler gran-chose que vos propres égo, maintenant si c'est votre truc, pourquoi pas, mais je ne sais pas, vous avez peut-être un rêve professionnel, associatif... caritatif ... ?".
Hennissement ricaneur.
L'1 d'eux - "Mais on veut pas travailler ! T'inquiète, je penserais à toi vers minuit, une heure du mat, quand je hurlerais un peu trop fort".
Moi - "Bon ben ok, merci, bonne soirée".
Et je repartis dans mes pénates, mon litron de lait sous le bras, tremblante de la tête aux pieds.
J'avais résisté à ma grandissante envie de le leur éclater en pleine gueule et je le regrettais, tout bêtement....